Tsikifo, l'indiscret et le misogyne
Angano, angano, arira, arira, izaho manoratra ianareo mamaky
« Je ne suis pas misogyne, mais j’aime dire la vérité : toutes les femmes sont indiscrètes et méritent qu’on leur coupe la tête ».
Un homme me parlait ainsi. Je le trouvai un peu sot. Et il persista : « Oui, je ne suis pas misogyne mais j’aime qu’on coupe la langue à toutes les femmes ». Espérant en finir, je lui demandai alors : « d’où te vient cette idée là ? ». Oh ! dit-il, écoute cette histoire.
Tsikifo se promenait dans la forêt. Il vit un crâne, lui posa des questions. Le crâne répondit, parla de sa vie passée et recommanda le silence à Tsikifo, mais celui-ci, à peine rentré, ne put tenir parole et en fit part au roi. Ce roi était fort méchant et un peu crédule. Tsikifo l’emmena auprès du crâne, lui promit d’entendre la voix du mort. On arriva : le crâne était toujours là. On posa des questions : le crâne ne parla plus. On recommença, pas un mot. On redoubla d’effort, silence. « Allons, dit Tsikifo, on ne me reconnaît donc plus ! » Rien à faire, le crâne ne bougeait pas. Le roi se fâcha et coupa la tête de Tsikifo.
Tsikifo mort, le crâne parla ainsi : tu meurs à cause de ton indiscrétion.
Ce récit est effroyable, déclarai-je à mon interlocuteur, mais je ne vois pas encore exactement qu’elles devaient être les relations entre ce crâne, Tsikifo et les femmes.
L’homme avec qui le parlais continua ainsi : tu sais que toutes les femmes sont indiscrètes, très indiscrètes, fort indiscrètes, sottement indiscrètes et qu’elles méritent toutes le sort de Tsikifo. Tu sais, écoute…
Il continuait, je l’abandonnai et j’appris par la suite que cet homme avait divorcé trois fois et toujours à ses torts.
Conte, conte, ce n'est pas moi qui suis le Menteur...Ce sont les ancêtres.
Angano, angano, arira, arira, izaho mitantara ianareo mihaino…(conte, conte, légende, légende, je raconte, vous écoutez)